Le FN aux élections
Le candidat du FN ne dispose pas encore des 500 parrainages nécessaires pour se présenter a affirmé le 5 janvier 2007 sur France Inter Marine Le Pen, vice-présidente du Front national. L'ancien candidat du second tour en Avril 2002 pourrait-il être privé d'élections présidentielles ? Ou tout cela n'est-il qu'une stratégie pré-électorale ?
Malgré ce problème de parrainage, en supposant qu'il soit réel, le Front National, actuellement, progresse rapidement, tout comme en son temps, le Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands (N.S.D.A.P.) , en exploitant à fond les circonstances favorables : 12 sièges au Reichstag en 1928, 107 en 1930 ; 11 338 000 puis 13 419 000 (36,8%) de voix pour Hitler aux élections du printemps 1932.
Le nombre de chômeurs dépasse désormais les six millions. Le 14 avril 1932 Brüning supprime par décret les armées privées (S.A.) de Hitler, qui se soumet ; le 24 avril les nazis remportent les élections régionales en Prusse, Bavière, Wurtemberg et Hambourg ; le 12 mai le général Groener, ministre de la défense, démissionne sous les injures des députés nazis ; le 15 juin, sous la pression constante des députés nazis, von Papen lève l'interdiction qui frappe les S.A. Des émeutes s'en suivent avec des centaines de morts.
Le 31 juillet 1932, le Parti recueuille 13 732 000 suffrages (37,3 %) et obtient 230 mandats législatifs, les socialistes en conservent 133, les centristes en obtiennent 97, les communistes 89 (5 200 000 voix) . Hitler réclame la chancellerie. Hindenburg et von Schleicher lui propose deux ministères. Il refuse. Le 30 aout Göring devient président du Reichstag et en profite pour torpiller le gouvernement par une manoeuvre de séance : le 12 septembre une motion de censure proposée par le KPD contre von Papen est votée par 512 voix contre 42 ; le 17 novembre von Papen démissionne. Un groupe important d'industriels et financiers demande que Hitler soit chancelier. Il refuse, Hindenburg ne lui accordant pas les pleins pouvoirs. C'est von Schleicher qui devient chancelier le 2 Décembre. Il s'effondre et avec lui la République de Weimar. Hitler apparaît comme l'unique "homme fort" ; il répète: Moi ou Moscou. La rixe est partout dans la rue. L'Armée et l'Industrie préfèrent Hitler à Moscou. Le 4 janvier von Papen propose à Hindenburg un gouvernement avec Hitler comme chancelier. Von Schleicher démissionne le 28 janvier et, le succès électoral obtenu à Lippe-Detmold aidant, le 30 janvier, à 11 heures, le "caporal bohémien" ou "M.Schicklgruber", comme l'appelait le maréchal-président, devient chancelier du Reich.
Les 4000 militants communistes, premiers martyrs du nouveau chancelier, suite à l’incendie du Reichstag dans la nuit du 27 février, ont été victimes de leurs propres pratiques politiciennes d'alliance avec les nazis, aussi bien au Reichstag lors du vote de la motion de censure contre le gouvernement von Papen que lors de la grève des transports à Berlin en octobre contre les syndicats et le SPD. Ces coups portés par les communistes du KPD contre le centre et la gauche avec l'appui enthousiaste des nazis ont mis la république de Weimar à l'agonie et offert aux nazis l'occasion d'accéder démocratiquement au pouvoir. Hitler le réclame et l'obtient sans coup d'état.
Hitler a été élu par son peuple: c'est son parti qui a reçu le plus de suffrages (37,3 %) dans un paysage politique qui n'était pas bipartite malgré la formule hitlerienne "Moi ou Moscou" qui ne pouvait convenir qu'à une petite majorité de la population. La république de Weimar a bien vite été enterrée pour que la problématique de la prise de pouvoir démocratique des fascistes soit à jamais éludée. C'est pourtant bien la démocratie républicaine de Weimar qui a conduit les nazis aux pouvoirs.
Certes, les nazis ont aussi usé de la violence pour accéder au pouvoir mais en acceptant simultanément le jeu démocratique. Les S.A. ont commis de nombreux actes de violence dès 1921, en particulier contre les groupes communistes, mais ont simultanément réalisé un travail de propagande considérable. Avant 1933, Goebbels n'a pas accès ni à la radio, ni à la presse officielle, alors il inonde en continue le pays de millions et de millions de tracts, d'affiches et de journaux nazis distribués par les S.A qui servaient aussi à cela. Pendant la campagne de 1932, 300 réunions électorales se tiennent tous les jours dans toute l'Allemagne, des défilés et des fanfares sont organisés et des drapeaux nazis flottent, partout, tout le temps. L'effort de propagande des nazis a été absolument considérable et reste incontestablement une spécificité du nazisme et un élément prédéterminant dans leur conquête du pouvoir.
Aucune dictature ne peut s'imposer uniquement par la force puisque pour utiliser la force, il faut être dans la position du fort et donc avoir déjà conquis, par la propagande, une large partie de l'opinion. C'est un fait: un individu seul qui n'a convaincu personne ne peut pas s'imposer par la force ! Sauf dans les BD peut-être... La responsabilité du peuple ou d'une large partie de la population dans la monté du fascisme et du nazisme est trop souvent sous-estimée voire niée pour privilégier une vision fausse où toute la population aurait été victime d'un monstre sorti de nul part qui se serait imposer de force contre l'opinion unanime... Invraisemblable!
Le parti nazi obtient 43,9% des suffrages au élections au Reichstag du 5 mars 1933 et 288 sièges sur 647. Le 23 mars 1933, le Reichstag vote les pleins pouvoirs à Hitler par 441 voix contre 94.
Avant Hitler, l'empereur Napoléon III déjà avait conquis le pouvoir en remportant l'élection présidentielle au suffrage universel masculin de la Deuxième République : le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte fut élu président de la République avec 74% des suffrages exprimés.
Dans l'antiquité déjà le dictateur Jules César avait été élu: il a été élu questeur en -68 puis édile trois ans plus tard. En formant avec Pompée et le très riche Crassus le triumvirat en -60 (aux termes d'un pacte secret) il fut élu Consul de la République l'année suivante.
George Walker Bush a été élu président des Etats-Unis d'Amériques le 20 janvier 2001 avec 47,9 % des suffrages exprimés (seulement 4% de plus que Hitler) et est parti depuis dans une croisade contre "l'axe du mal" où il a déjà causé le génocide de plus d'un million d'Iraquiens.
Tous ces grands dictateurs génocideurs ont été élus, ce qui est encore une preuve que le système électoral, loin d'être le rempart de nos libertés comme le prétendent certains fieffés menteurs est au contraire un des meilleurs leviers du fascisme.
Ce sont donc les idées courtes des fanatiques pro-électoralistes, qui portent la responsabilité de l'ascension de toutes ces dictatures et de leurs massacres et génocides ; ce sont les mêmes qui veulent nous faire croire aujourd'hui que l'abstention fait le jeu du Front National alors qu'ils n'attendent qu'un bon score de ce dernier pour lui voter les pleins pouvoirs.
Bien avant l'hécatombe de la Shoah, il y a plus de 150 ans Proudhon nous avertissait déjà :
"La démocratie n'est autre chose que la tyranie des majorités, tyranie la plus exécrable de toutes ; car elle ne s'appuie ni sur l'autorité d'une religion, ni sur une noblesse de race, ni sur les prérogatives du talent et de la fortune : elle a pour base le nombre, et pour masque le nom du Peuple [...]
La démocratie n'est rien de plus qu'un arbitraire constitutionnel succédant à un autre arbitraire constitutionnel [...] la substitution de l'autorité de la multitude à l'autorité royale [...] c'est la démocratie que nous avons à démolir, comme nous avons démoli la monarchie : cette transition sera la dernière, avant d'arriver à la République."
Sources : Quid et www.wikipedia.org