Quand le Mirail débloque.
Jeudi 6 Décembre, l’université du Mirail est débloquée à environ 700 voies contre 600. Le blocage n’aura tenu qu’un mois et voilà déjà venir la gueule de bois : petit mouvement, échec total.
Bien sûr, l’UNEF se réjouit de la levée des piquets et prétend qu’on a gagné parce que Sarkozy a promis des milliards ! Je me demande s’il existe des étudiants assez naïfs pour croire qu’ils vont en voir la couleur ? Dans les quartiers, on nous a fait le coup il y a quelques années : dans le cadre des Grands Projets Urbains puis des Grands Projets Villes, les politiques annonçaient des milliards et des milliards pour réhabiliter les quartiers. Chez les uns, les murs fissurés du sol au ciel se sont écroulés sous le vent, chez les autres, les remontées des égouts dans les caves continuent à empester au moins jusqu’au deuxième quand on a pas l’odorat trop sensible... On ne se demande pas dans les poches de qui a atterri tout cet argent…
Heureusement, les syndicats « de lutte » sont là ! L’AGET, SUD-Etudiant, les Vignoles nous rassurent le soir même en comité de lutte : le mouvement continue sans les piquets, on ira jusqu’au bout, il y a une AG mardi, on va la préparer, on va faire des interventions dans les amphis, on va remettre les piquets et si c’est pas mardi, ce sera jeudi, il faut croire dans le mouvement, il faut y croire, il faut nous croire… Mais qui y croit ? Ils nous prennent vraiment pour des prunes !
L’échec et les causes de l’échec sont à peine abordés et là, l’explication est toute trouvée : « le problème, c’est les autonomes. » Quelle analyse ! Quelle perspicacité ! Dans la bouche de certains, la mauvaise foi est sans limites et atteint des sommets : les autonomes ne seraient bons qu’à tout salir et à chier partout, ils seraient coupables de toutes les dégradations et, de surcroît, particulièrement violents. Il est question d’ « exclusion » et même d’ « interpellation » ! La police politique est bien là et les syndicats « de lutte » sont à deux doigts de mettre en place un tribunal pour juger si tel ou tel non-encarté aura le droit de participer aux AG ou aux comités de lutte…
Il aura fallu attendre le déblocage pour que les masques tombent et que les choses soient dites enfin clairement. Le problème des syndicats « de lutte » est qu’ils ne tolèrent pas que des étudiants et des étudiantes préfèrent rester en marge de leurs structures, ils ne supportent pas que certains préfèrent s’auto-organiser et pire prendre des initiatives qui respectent les mandats de l’AG mais qui n’ont pas été supervisées par un comité central qui ne dit pas son nom.
Derrière des accusations mensongères ou, en tout cas, profondément déformées et amplifiées, c’est donc d’une attaque politique dont il s’agit et c’est un clivage aussi vieux que la révolution qui nous divise entre d’un côté le centralisme et de l’autre le fédéralisme. Les leaders syndicaux veulent absolument tout contrôler et se sentent menacés dès qu’ils ne savent plus qui a préparé le café tandis que nous pensons que pour que le mouvement s’amplifie, un maximum d’initiatives autonomes doivent être librement entreprises dans la seule limite du respect des mandats de l’AG et que cela ne doit pas être combattu mais, au contraire, encouragé par tous les moyens.
Comme l’expliquait déjà Rosa Luxembourg : « L'ultra-centralisme défendu par Lénine nous apparaît comme imprégné, non point d'un esprit positif et créateur, mais de l'esprit stérile du veilleur de nuit. Tout son souci tend à contrôler l'activité du Parti et non à la féconder; à rétrécir le mouvement plutôt qu'à le développer; à le juguler, non à l'unifier. » Ce centralisme qui a tué la révolution russe en 1917 est encore à l’origine de notre échec mais nous sommes quand même d’accord sur une chose : la lutte continue.
Noël Avec Des Etoiles Gelées Eclairera,
Jusqu’En Ton Ame Incertaine Mais Enivrante…
Alors, nous sortirons de la nuit.